vendredi 6 octobre 2017

Une Vénus sur la tourbe (Dionée - Amérique du nord)



« C’est la plante que j’ai découverte quand j’étais petit, avec mon papa, durant une fête de jardin. J’ai été captivé par le mouvement de la feuille capable d’attirer, de piéger et de digérer les insectes. (…) une merveilleuse adaptation à son sol… ». Extrait du témoignage de A., écrit librement sur un cahier qui circulait dans le Jardin partagé Truillot pendant la Fête des jardins et de l’agriculture urbaine.


Fascinante dionée. Tellement belle que ce poète de Von Linné qui en fit le premier la description en 1770, l’avait appelée Vénus attrape-mouche. Ce sera finalement Dionée, mère d’Aphrodite qui l’emportera, l’Histoire ayant bien souvent confondu la mère et la fille. 

Déesse primitive grecque, Dionée était pourtant bien mère d’Aphrodite et parèdre de Zeus (en grec, Dionée est le féminin de Zeus), du moins si l’on en croit Homère. 
Au chant V de l’Iliade en effet, Vénus, qui vient d’être blessée par Diomède, s’en va supplier son frère de l’aider à regagner l’Olympe.
« [363] Mars lui donne aussitôt ses coursiers magnifiques. La déesse monte sur le char et son cœur est rempli de tristesse ; Iris se place à ses côtés, saisit les rênes brillantes et du fouet, elle excite les chevaux qui s'envolent avec ardeur. Vénus et Iris entrent dans le vaste Olympe, demeure des dieux fortunés. Iris, plus légère que le vent, arrête les coursiers, les détache du char et leur donne une nourriture divine. La belle Vénus tombe aux pieds de sa mère, Dionée, qui entoure de ses bras sa fille chérie, la caresse de la main et lui dit : 
[373] « O ma fille, qui donc, parmi les habitants des cieux, a osé te traiter avec autant d’outrage et te punir ainsi que si tu avais commis quelque crime aux yeux de tous ? »

Mais, excusez-moi, voilà que je m’égare. 
La faute aux botanistes du XVIIIe siècle et à cette poésie qu’ils mettaient à nommer les plantes.

Revenons donc à notre dionée, la plus connue des plantes carnivores. 



En Caroline du Nord — où elle vit encore à l’état sauvage —, la dionée attrape-mouche pose sur les sols de tourbe des petits coussins qui virent du vert à l'écarlate en passant par l'orangé. Au premiers jours de printemps, elle se pare de petites fleurs blanches qui se dressent dans le vent.
Mais cette beauté est fatale aux bestioles trop gourmandes que les parfums sucrés de l’ondulante tentatrice attirent comme des aimants : une guêpe approche, tourne un peu autour… puis goulument se pose en plein coeur de la fleur. Le breuvage est un régal, l’aubaine excellente. Elle ne voit pas se refermer sur elle comme de voraces mâchoires, la bonne trentaine de dents qui la condamneront à une lente agonie… Digérée, la guêpe nourrira la belle Dionée qui ne trouverait pas, sans cela sous ses pieds, les sels minéraux dont elle aurait besoin.

Ainsi va la vie de la belle Dionée, petite plante vulnérable qui se débrouille comme elle peut, avec des hivers qui descendent jusqu’à -10°C et des été à +35°C. 
Charles Darwin disait d’elle qu’elle est « l’une des plantes les plus merveilleuses au monde ». Sur un banc du jardin des moines de Thibirine, un après-midi ensoleillé de ce début d’automne en plein cœur de Paris, A. pensait exactement la même chose, un bon siècle plus tard.

Source : Wikipédia

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