vendredi 17 novembre 2017

"Je me souviens du moins"




Ce dimanche, il a tant plu qu'il n'y eut pas moyen de tenir cet atelier-là en plein air. La pluie et le vent s'étaient donnés rendez-vous au Jardin partagé Truillot depuis la nuit précédente et la terre était détrempée. Eole furieux nous envoyait des trombes de flotte régulièrement et faisait voler les abris de fortune.

Alors on s'est retrouvés à quelques centaines de mètres de là, à la librairie La Tête ailleurs. Nous fûmes un brin à l'étroit et les chaises ont été vite prises d'assaut. On avait rapidement branché et réglé les accompagnements sonores du plan B. Franchement, j'avais le trac.

Et puis avec Anne Brissier et Chiara Mezzalama, nous avons commencé à raconter ce petit cadavre exquis de morceaux choisis de bribes littéraires qu'on aime infiniment et qu'on voulait partager… Pour la langue, pour la musique, pour les lumières, pour les couleurs et pour les parfums.

Si vous n'étiez pas là, si vous avez manqué le début ou la fin, ou si vous avez juste envie de relire tout ça à tête reposée, le livret de cette narration est disponible en cliquant sur l'image :




Ensuite, nous avons cueilli quelques fleurs d'exils qu'il faut encore que je déflore. Déjà, la première lecture dit combien est intime notre rapport aux plantes. Je vous raconte bientôt.

A bientôt, donc.

ARySQUE


jeudi 9 novembre 2017

Un jardin sans âge (atelier Fleurs d'exils)

Dans un jardin dévasté, un homme s’étiole et meurt sous une pluie de fleurs. Des années plus tard, on viendra restaurer ce jardin saccagé et goûter avec gourmandise ses fruits juteux. Alors, à mesure que l’on voyagera dans l’espace et dans le temps, on se souviendra, dans les pierres envahies par les herbes folles, au milieu des champs de cannes de Maurice ou à la vue d’un coquelicot dressé, des différentes époques de ce jardin universel.

Surréaliste le récit que nous vous raconterons dimanche avec Anne Brissier et Chiara Mezzalama ? Sans aucun doute : il est construit comme un cadavre exquis qui fait jouer ensemble 12 extraits de 11 romans. 

C’est donc avec cette lecture inédite que nous démarrerons les ateliers d’écriture de Fleurs d’exils. 
Ensuite, à vous la plume pour répondre avec vos mots au petit questionnaire de Fleurs d’exils ci-dessous (auquel vous pouvez me répondre par mail si vous ne pouviez pas venir dimanche et que vous pouvez partager sans modération pour qu'on m'envoie des histoires).




Pour écouter le récit de ce Jardin sans âge, 
rendez-vous dimanche prochain à 15h
au Jardin partagé Truillot
Dans le square des moines de Tibhirine, 
en face de l’église Saint Ambroise, Paris XI

(En cas de pluie, lecture et atelier seront déplacés à 
la Librairie la Tête ailleurs, 42 rue de la Folie Méricourt, à deux pas)



Liste des romans cités (dans l’ordre de lecture) :

Marie N’Dyaye, Trois Femmes puissances
Duong Thu Huong, Myosotis
Gabriel Garcia-Marquez, Cent ans de solitude
Audur Ava Olafsdottir, Rosa Candida
Marcel Proust, Du Côté de chez Swann
Grazia Deledda, Roseaux au vent (non publié en français)
Christian Bobin, Une Bruit de balançoire
Gaël Faye, Petit pays
Albert Camus, Noces à Tipasa
J.- M.- G. Le Clézio, Alma
Homère, L’Odyssée

Lectures
Anne Brissier, comédienne et lectrice sur France Culture
Chiara Mezzalama, écrivaine (Le Jardin du dedans-dehors, Ed. des Eléphants)
ARySQUE, artiste (Passage Beslay-Le Jardin des connaissances)



lundi 6 novembre 2017

Atelier d'écriture de fleurs d'exils cette semaine !



"(…) la vue d'un seul coquelicot hissant au bout de son cordage et faisant cingler au vent sa flamme rouge, au-dessus de sa bouée graisseuse et noire, me faisait battre le cœur, comme au voyageur qui aperçoit sur une terre basse une première barque échouée que répare un calfat, et s'écrie, avant de l'avoir encore vue : "La mer !"" Marcel Proust. Du Côté de chez Swann.

La fleur d'exils est une fleur mémorielle. Elle n'est pas seulement un parfum, une couleur, une vibration. Elle porte des émotions, fait voyager dans le temps et prend souvent racine dans l'enfance. Arganier ou basilic, plante rare ou commune, les premiers récits publiés ici témoignent de ce pouvoir des fleurs d'exils.

En littérature également, les plantes ne sont pas des éléments de décors: elles portent un sens, un souvenir, un espoir… Voyez flotter au vent le coquelicot de Proust doté de corde, fanion et bouée qui dessinent ensemble un petit voilier !

Pour le deuxième atelier Fleurs d'exils qui se tiendra dimanche prochain au Jardin partagé Truillot, nous avons choisi de faire découvrir quelques extraits de romans qui nous parlent de plantes. On retrouvera Proust, Bobin, Le Clezio, Deledda et quelques autres. 

En plus de Chiara Mezzalama et de moi-même, Anne Brissier, comédienne et lectrice sur France-Culture, viendra prêter sa voix et son talent à ces textes courts qui sentent l'encre autant que la nature.

Ensuite, vous pourrez nous raconter vos propres fleurs d'exils et si vous n'êtes pas à l'aise pour les écrire, on vous prêtera main forte. Enfin, vos enfants et vous pourrez mettre en couleurs quelques-unes des fleurs d'exils cueillies lors du premier atelier de fin septembre pour continuer de décorer le passage Beslay.



Rendez-vous au Jardin partagé Truillot le 
dimanche 12 novembre, à 15h
(dans le Jardin des moine de Tibhirine, en face de l'église Saint-Ambroise. Paris XI).
En cas de pluie, l'atelier sera déplacé à la Librairie La Tête ailleurs, 42 rue de la Folie-Méricourt


ARySQUE

jeudi 2 novembre 2017

La Belle époque à l'ombre de l'arganier (Maroc)




Bien avant de venir s’installer à Paris, F. a grandi dans un petit village de la région de Tafraout, dans le Petit Atlas marocain. «C’est le seul endroit de la planète où poussent les arganiers !», écrit-elle en retrouvant son enthousiasme enfantin, agitée par des souvenirs qui allument son regard. «Je vivais dans un petit village où tout le monde
se connaissait. Les femmes accomplissaient toutes les tâches lourdes
: elles s’occupaient des travaux des champs, devaient aller chercher l’eau qu’on puisait à 15 km du village… Les hommes, eux, travaillaient dans les villes.
Comme les autres femmes, maman avait l’habitude de se réveiller à l’aube pour aller cultiver notre champ. Comme j’étais encore petite fille, elle m’emmenait avec elle.

À chaque fois que nous sortions toutes les deux, j’appelais à voix haute « Bizmaoune  ! Bizmaoune  ! ». Bizmaoune était ma chèvre et ma meilleure amie. Nous étions inséparables et avons grandi ensemble. Elle portait le nom d’un grand chanteur berbère de l’époque dont toutes les femmes du pays étaient amoureuses à cause de ses chansons romantiques. Ma chèvre était célèbre dans tout le village parce qu’elle portait le nom
de ce chanteur.

Immanquablement, Bizmaoune venait à ma rencontre avec joie et se frottait contre moi pour me dire que je lui avais manqué. À mon tour, je lui faisais des caresses et des bisous.
Le chemin qui menait à notre champ contenait beaucoup de montées et de descentes
et ma mère me prenait sur son dos tandis que Bizmaoune gambadait sans difficulté
en nous suivant. En arrivant aux champs, ma chèvre et moi nous précipitions vers notre meilleur ami
: l’arganier. Bizmaoune sautait dans tous les sens pour manifester sa joie d’être là. De mon côté, je saluais mon arbre poliment avant de lui raconter par le détail tout ce que nous avions fait la veille, Bizmaoune et moi. 

Ainsi commençaient mes journées: Bizmaoune grimpait dans l’arganier et moi je restais
en bas, à jouer avec mon arbre et ma chèvre en bavardant sans arrêt, de tout et de rien.
Je leur racontais mes rêves et parfois même, je leur posais des questions. Bien sûr, l’arganier ne répondait pas et Bizmaoune se contentait de quelques « Maâ
! Maâ!»,
mais je ne me fâchais jamais et je croyais qu’ils me comprenaient. Tous les trois réunis, nous régnions sur la montagne
!


Aujourd’hui, chaque fois que je retourne dans cette région, je m’y sens à mon aise. Bizmaoune n’est plus là mais l’arganier n’a pas changé et je lui rends visite chaque
été pour ramasser ses graines. J’ai encore cette impression étrange qu’il me reconnaît
et qu’il est content de me revoir. Quelle belle époque
!" 

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